Un soir de semaine, après une longue journée, vous vous installez sur le canapé, télécommande à la main, à la recherche d’un peu de réconfort. Et si on commandait une pizza ? L’application s’ouvre, les doigts scrollent, et là, Domino’s Pizza vous fait de l’œil avec ses visuels alléchants : une “Chicken Barbecue”, une “Merguez Party” ou une “Flam’Bœuf”… Mais très vite, une question émerge, et pas des moindres : la viande utilisée est-elle vraiment halal ?
Derrière cette interrogation anodine se cache en réalité un véritable flou alimentaire, que beaucoup découvrent un peu trop tard.
Ce que dit Domino’s France sur le halal
Sur son site officiel, Domino’s indique que certaines de ses viandes sont halal. Plus précisément :
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Merguez
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Poulet rôti
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Haché de bœuf goût flammé
À première vue, cela semble rassurant. Mais lorsqu’on y regarde de plus près, aucune certification n’est mentionnée. Pas de logo AVS, Achahada, SFCVH ou tout autre organisme reconnu.
Cela signifie une chose très simple : il est impossible de vérifier la traçabilité exacte des viandes utilisées.
C’est un peu comme acheter un produit étiqueté “bio” sans label ni mention d’origine. Vous voulez bien y croire, mais rien ne vous le prouve. Et dans un contexte aussi sensible que le halal, ce manque de clarté devient un frein évident.
Halal : plus qu’un mot, une exigence de traçabilité
Le halal ne se résume pas à l’abattage selon un rite précis. C’est une chaîne complète de conformité, allant de la sélection de l’animal à son abattage, en passant par la transformation, le conditionnement, le transport, et surtout la préparation finale.
Une viande peut être abattue selon les rites halal, mais perdre toute validité si elle est ensuite transportée ou stockée avec des produits non conformes, ou encore cuisinée sans précaution.
C’est comme préparer une salade saine dans un bol encore rempli de crème dessert. L’intention ne suffit pas, l’environnement doit suivre.
Dans les grandes chaînes comme Domino’s, la logistique est centralisée, les produits sont industrialisés, les cuisines sont partagées. Et dans ce contexte, garantir un parcours halal sans interruption devient extrêmement compliqué.
La problématique de la contamination croisée
Un autre point souvent négligé dans les grandes enseignes, c’est la contamination croisée. En clair : que se passe-t-il si une viande halal est cuite dans le même four qu’un pepperoni ? Ou si les mêmes ustensiles servent à préparer une pizza au poulet halal et une pizza au jambon ?
Domino’s n’a pas communiqué clairement sur ce point. À moins que des procédures très strictes soient mises en place (ustensiles dédiés, fours séparés, circuits spécifiques), le risque est élevé que des traces de produits non halal contaminent les viandes dites halal.
Et dans ce cas, peut-on encore vraiment parler de halal ?
C’est comme verser une goutte de vinaigre dans un verre de lait : il reste du lait, mais plus tel que vous l’attendiez.
Pourquoi certaines chaînes n’affichent-elles pas de certification halal ?
Là encore, la réponse tient souvent à des choix marketing.
Certaines grandes marques choisissent délibérément de ne pas afficher de logo halal pour ne pas risquer de froisser une partie de leur clientèle non concernée.
C’est une stratégie de neutralité d’image : proposer discrètement des viandes halal, sans l’assumer pleinement.
Le problème, c’est que cela fait peser toute la responsabilité sur le client, qui n’a ni les moyens ni le temps de vérifier la chaîne d’approvisionnement.
Et c’est précisément ce manque de transparence qui crée méfiance, confusion, voire rejet.
Mon expérience personnelle face à ce dilemme
Comme beaucoup, j’ai moi aussi été tenté.
Un soir, en famille, nous avons commandé chez Domino’s. Nous avions repéré la mention « viandes halal » sur la carte. Mais très vite, entre deux bouchées, un doute m’a traversé. J’ai cherché la certification… en vain.
Le service client, joint par téléphone, m’a indiqué que les viandes « respectaient les standards halal », sans m’en dire plus. Aucune preuve, aucune traçabilité.
Depuis, j’ai pris le parti de me tourner vers des alternatives plus claires, plus assumées.
Les bonnes pratiques pour consommer halal sans douter
Pour éviter ce genre de dilemme, voici quelques conseils simples mais efficaces :
Exigez des preuves : une certification sérieuse doit être visible (AVS, Achahada, Halal Services, etc.)
Posez des questions : un restaurateur honnête répondra sans détour sur l’origine de ses viandes.
Préférez les restaurants 100 % halal : pas de produits à base de porc, pas d’alcool, pas d’ambiguïté.
Utilisez des annuaires fiables comme Nourwan.fr pour trouver des adresses vérifiées dans votre ville.
Lisez les avis clients : la communauté musulmane partage souvent ses retours sur les réseaux.
Vers une consommation plus locale, plus fiable
Face à ces grandes enseignes qui communiquent à moitié, il est temps de valoriser les acteurs locaux, les restaurateurs de proximité, souvent bien plus transparents.
Ces établissements, souvent familiaux, ont tout à gagner à être honnêtes. Et surtout, ils n’ont pas peur d’assumer leur positionnement halal. Ils communiquent clairement, affichent leurs certificats, et expliquent leur démarche.
C’est cette sincérité qui crée la fidélité. On y mange avec plaisir, sans se poser 36 questions.
Et au final, cela participe à faire vivre un tissu économique local, engagé, responsable.